Aujourd’hui, lançons-nous dans la création! Lorsque nous voulons créer un visuel, que ce soit un dessin, une peinture ou même une photographie, la première chose à étudier c’est sa composition.
Il existe de nombreuses règles pour créer une composition attractive à l’œil. Cependant, la composition est une histoire de goût et il est possible de prendre ces règles à contre-pied, sans que cela ne nuise à l’attractivité du visuel (si c’est bien fait évidemment! 😉 ). Dans tous les cas, avec une bonne composition votre tableau a plus de chance d’être réussi 😀 …même si vous n’êtes pas encore à l’aise avec les couleurs, les techniques ou que votre style n’est pas encore installé.
La lecture d’une image
Avant de rentrer dans les notions de composition en peinture à proprement parler, nous devons d’abord comprendre un minimum comment nous « lisons » une image.
Notre œil s’est habitué à lire les images dans le même sens que celui de notre lecture. Par exemple, pour un latin, la lecture se fait naturellement de gauche à droite. Mais il s’agit d’un scan rapide de l’image. Ensuite, notre œil cherche les éléments d’intérêt. Et enfin, notre cerveau interprète l’image en la complétant si besoin. C’est d’ailleurs pour cela que nous pouvons interpréter de plusieurs façons une image comme celle ci-dessous. Que voyez-vous? N’hésitez pas à partager ce que vous voyez en premier dans les commentaires! 😀 Vous aurez peut-être d’ailleurs du mal à voir l’autre version de l’image.
Nous devons donc tenir compte de notre sens de lecture rapide d’une image puis de guider l’œil vers les éléments d’intérêt. Ainsi nous allons créer de l’attrait, du dynamisme et de la compréhension. Pour faciliter cette lecture d’image, nous pouvons nous appuyer sur 3 notions essentielles de la composition : le point de focalisation, la structuration et l’équilibre. Passons-les en revue ensemble.
Notion n°1 : Le point de focalisation
C’est le point sur lequel notre regard se pose en premier. Il peut être créé par :
- un effet de contraste : l’élément d’intérêt est alors placé dans la lumière ou bien dans une couleur complémentaire de celle de l’ensemble (voir plus loin : « la complémentarité des couleurs »)
- une mise au point : zone floue autour du point d’intérêt, très utilisée en photographie évidemment mais que l’on peut aussi utiliser en peinture (voir illustration ci-dessous)
- un mouvement : personne ou objet en mouvement dans un environnement fixe
- un être vivant, un visage ou un regard : notre œil est spontanément attiré par les êtres vivants et plus particulièrement leur visage et leur regard
- un cadrage particulier : format utilisé, lignes de conduite du regard et géométrie de l’ensemble (ce qui fait le lien avec la notion n°2 : la structuration du visuel :D)
Notion n°2 : La structuration du visuel
La structuration du visuel correspond à l’agencement des éléments d’intérêt. Les formes géométriques fonctionnent très bien pour créer une structure qui « parle » facilement à notre œil ».
Les 2 règles qui suivent sont des grands classiques de la composition. Elles sont utilisées depuis la nuit des temps en peinture et ont été reprises en photographie par la suite… c’est pour dire si elles fonctionnent bien! 😀
La règle des tiers, rien de plus simple pour structurer sa composition en peinture!
C’est une règle très connue, extrêmement simple à comprendre et à appliquer. Il suffit de diviser son visuel en 9 parties égales en traçant 2 lignes horizontales et 2 lignes verticales. Comme cela :
Puis, de placer les éléments d’intérêt sur ces lignes et intersections afin de rendre la composition plus dynamique. Les lignes et intersections agissent en quelques sortes comme des champs de force qui attirent notre œil. Rien de plus simple à suivre, non!?
Sur ce tableau de Gauguin par exemple, les personnages principaux sont pourtant de dos et au second plan, en les plaçant sur les lignes de force verticales et le visage de celui de droite sur le point de force en haut à droite (sens de lecture rapide pour les latins comme Gauguin), le visuel capte notre regard directement sur le point d’intérêt principal (visage + personnage en mouvement).
Le nombre d’or pour une composition structurée plus naturellement!
Un peu plus compliqué à suivre, à mon avis, mais encore plus puissant : c’est la règle du nombre d’or. Nous sommes dans le même esprit que la règle des tiers, c’est à dire suivre une grille de placement des éléments pour donner au visuel plus d’attrait et de dynamisme. Les proportions obtenues avec ce nombre d’or paraissent plus naturelles qu’avec la règle des tiers, qui est peut-être un peu trop simpliste.
Vous allez me dire : « D’accord, mais c’est quoi ce nombre d’or? »
Et bien c’est Phi, φ = a/b = (a+b)/a = (1+√5)/2 (soit environ 1,61803398874989)!
« Super! Et on en fait quoi de cette formule mathématique imbuvable! »
Avec cette formule nous pouvons tracer le rectangle d’or! 😉
Le rectangle d’or
Et à partir de ce rectangle, nous pouvons ainsi former notre fameuse grille d’or ainsi que la spirale d’or qui sont les zones de placement idéale pour nos éléments d’intérêt!
Oui je sais je vous ai peut être perdu avec ces maths et ces tracés. Si c’est le cas, retenez simplement les grandes zones de placement des éléments d’intérêt en suivant les illustrations ci-dessous. 😉
Ci-dessous une œuvre de Hokusai que vous avez certainement reconnue et qui illustre parfaitement la création de cette vague en suivant la spirale d’or.
Pour ceux que je n’ai pas perdu en route…et qui veulent comprendre jusqu’au bout 😉
Origine du nombre d’or : la séquence de Fibonacci
Vers 1200, le mathématicien Leonardo Fibonacci a découvert les propriétés uniques d’une séquence de nombres : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144… La somme des deux derniers chiffres de la suite donne la valeur de l’élément suivant. Cette séquence, dite de Fibonacci, est directement liée au nombre d’or car leur ratio est très proche du nombre d’or. À mesure que les chiffres augmentent, le ratio se rapproche de plus en plus de 1,618. Par exemple, le ratio de 3 à 5 est 1,666. Mais le ratio de 13 à 21 est de 1,625. En augmentant encore, le ratio de 144 à 233 est de 1,618.
Comme nous pouvons le voir sur le schéma ci-dessus, la spirale d’or est obtenue en traçant un arc de cercle entre les angles opposés de chaque carré de longueur a. Le périmètre de ces quarts de cercle est égal à chaque chiffre de la suite de Fibonacci!
Fait étonnant (ou peut-être pas tant que ça 😉 ) : nous pouvons retrouver la séquence de Fibonacci dans la nature! Par exemple, le nombre de pétales sur certaines fleurs suit cette séquence. Les chercheurs pensent d’ailleurs que dans les processus darwiniens, chaque pétale est placé pour permettre la meilleure exposition possible au soleil et à d’autres facteurs. Nous retrouvons cette configuration également pour les graines de tournesol et les cônes de pin.
A partir de notre grille d’or, nous pouvons également utiliser les diagonales pour composer un visuel dynamique et attractif.
Notion n°3 : L’équilibre dans la composition de votre peinture
C’est l’équilibre entre les formes, les couleurs, les espaces vides, etc. qui garanti l’harmonie de l’ensemble du visuel. Là encore, voici quelques règles à prendre en considération :
La règle des impairs, pour faire circuler le regard dans la composition de votre peinture
La répétition des éléments permet de créer une unité. Un visuel avec plusieurs éléments similaires en nombre impair (3, 5, 7, etc.) sera plus dynamique qu’en nombre pair (2, 4, 6, etc.). Cette règle est valable pour des êtres vivants, des objets, et de manière générale pour des éléments spécifiques de l’environnement. Pour les mettre en avant, pensez d’ailleurs à les positionner sur les points et les lignes de force pour renforcer le dynamisme du visuel. Le fait, par exemple, de positionner 3 éléments similaires permet au regard de circuler dans l’image. A l’inverse, avec seulement deux éléments, le regard passera continuellement de l’un à l’autre et nous nous ennuierons.
Œuvres du diaporama :
- Des fleuristes – Joaquim Sorolla – 1891
- Magnolias sur tissu de velours doré – Martin Johnson Heade – 1888/1890
- La Vierge – Gustav Klimt – 1913
- La gare Saint Lazare – Claude Monet – 1877
Dans le cas de nombre pair, essayez plutôt de jouer sur les symétries pour renforcer l’image.
La complémentarité des couleurs
Si vous avez déjà lu quelques uns de mes articles, je vais peut être me répéter dans cette partie.
Les couleurs primaires
La première chose à savoir c’est qu’il existe 3 couleurs primaires : Jaune, Magenta (une sorte de rouge plutôt rose foncé) et Cyan (une nuance de bleu) ! Avec ces 3 couleurs nous pouvons obtenir toutes les autres.
Après mon travail sur les couleurs que vous pouvez retrouver dans cet article : Tableau des mélanges de couleurs, j’opte désormais pour 6 couleurs « primaires » : 2 nuances de chaque primaire tirant chacune vers un côté et l’autre du cercle chromatique. Par exemple, j’ai sélectionné le rouge vermillon (PR112) ou le rouge de cadmium clair (PR9) qui tirent naturellement vers le jaune et le magenta (PV19) ou carmin (PR12) qui eux tirent vers le bleu.
Les couleurs secondaires
La deuxième chose à savoir c’est qu’il existe 3 couleurs secondaires. Elles sont chacune formées à partir du mélange de 2 couleurs primaires :
- Mélange jaune et rouge : orange
- Mélange rouge et bleu : violet
- Mélange bleu et jaune : vert
Leur complémentarité et les proportions harmonieuses
Les couleurs opposées sont complémentaires : cyan/orange, magenta/vert et jaune/violet. Pour créer un visuel plus attrayant et harmonieux, il est préférable d’utiliser ces associations dans certaines proportions :
Oeuvres du diaporama :
- Le repenti Saint Pierre – Francisco de Goya – 1820/1824
- Jeune fille lisant – Auguste Renoir – 1890
- Le cri – Edvard Munch – 1910
Il s’agit d’un ordre d’idée bien entendu. Et puis nous serons sur des tonalités plus ou moins approchantes de ces couleurs. Par exemple avec un environnement avec beaucoup de végétation (si nous partons du principe qu’elle aura des tons verdâtres), des zones de rouge sur les points d’intérêt attireront l’œil.
Le concept d’échelle et la perspective
Un élément seul n’a pas de dimension. Pour lui en donner une, nous devons le placer en comparaison avec un autre. C’est le concept d’échelle.
De plus en utilisant la perspective, nous pouvons créer de la profondeur et ainsi donner l’impression que certains éléments sont plus proches que d’autres.
Le concept d’échelle et la perspective permettent d’équilibrer l’ensemble du visuel et de créer une proximité avec certains éléments.
Le « blanc » ou plutôt les espaces vides
Nous sous-estimons très souvent le pouvoir du « blanc »! Comme dans une conversation, le « blanc » parle de lui même et permet à notre cerveau de prendre le temps d’analyser. Dans une composition, les espaces sans éléments clés (le « blanc ») permettent à notre œil de continuer son chemin pour nous focaliser sur ce qui est important. Notre cerveau analyse alors les relations entre les éléments importants dans son univers, le « blanc ». Une composition esthétique et impactante exige donc un bon équilibre entre l’espace sans encombrement et l’espace utilisé.
Bien sûr il est impossible d’appliquer chacune de ces règles à toutes nos compositions. Et par ailleurs, elles peuvent, comme je l’ai mentionné en tout début d’article, être prises à contre-pied.
Personnellement, j’essaye de garder en tête ces 3 notions essentielles : le point de focalisation, la structuration et l’équilibre, afin de me guider dans mes créations.
Si l’article vous a plu, n’hésitez pas à le conserver et le partager en l’épinglant dans Pinterest :
Alors qu’avez-vous vu en premier sur la première illustration de l’article? J’attends avec impatience vos retours de lecture rapide dans les commentaires. 😉
15 commentaires
Florence
Moi je vois une jeunne femme en premier. Et j’avoue avoir énormément de difficultés à voir la vieille femme. Et vous, que voyez vous?
Cécile
moi je vois toujours d’abord la vieille femme -)
Garcia
Bonjour Florence!
Je ne vois qu’une jeune femme de profil, mais pas du tout la vieille dame!
Ginette
Je vois la jeune dame de profil et je vois un autre profil mais à l’envers d’une dame plus agée
AZZOUZ
Moi je vois, une jeune femme triste, en pleurs et son poing sur la bouche
johanne godin
J’ai vu la jeune femme en premier avec un peu de recherche visuel j’ai finalement trouvé la belle mère.
Gonon
Je ne vois que la jeune femme !
Gonon
Je ne vois d’abord que la jeune femme !
Puis en lisant les autres commentaires j’ai fini par voir la belle-mère dans le chapeau !
frin
bravo pour votre site ; il est tres interessant et permets d’aider a progresser meme si il faut avant tout savoir « regarder » surtout lorsque l’on se trouve en extérieur ,
cordialement
Florence
Merci beaucoup André. Tout à fait d’accord avec vous pour la qualité de l’observation des sujets à peindre !
Célina
Un grand merci pour vos articles très clairs et très complets. Je vois une jeune femme et une vieiile femme au nez crochu et sans dent, genre socière…
jacques Bergougne
je ne voit qu’une jeune femme
Votre article est iper complet
Florence
Merci beaucoup Jacques pour votre partage et votre retour sur l’article.
Notardonato Martine
Merci, vos articles me permettent de mieux comprendre ce que je fais et comment j’aurais pu le faire.
Ah je ne vois aucune vieille femme.
Hiegel
Merci pour ce cours très explicite. Beaucoup de ressources intéressantes que vous avez partagées. Je relirai certainement tous vos articles avant le début d’un tableau .