Devant la profusion des types de pinceaux : plat, rond, Filbert, spalter, etc. ; fibres synthétiques ou poils naturels : soies de porc, zibeline, mangouste, écureuil ou tout autre petit animal très mignon ; il n’est pas toujours évident de savoir lequel choisir pour peindre tel(le) ou tel(le) étape ou élément, ni pour quel type de peinture. Je vous propose donc de balayer ensemble les principaux types de pinceaux et leur(s) utilisation(s). Tout comme moi désormais, j’espère qu’à la suite de cet article, vous prendrez conscience qu’il vaut mieux privilégier les fibres synthétiques…
Structure d’un pinceau
Un pinceau est composé de trois parties : le manche (également appelé « hampe »), la virole, et les poils.
Sur certains pinceaux pour l’aquarelle ou l’encre, les poils sont fixés sur une plume d’oie (ou du plastique) et non sur une virole.
Le manche
Le manche peut être long ou court.
Long
Si vous peignez debout avec des techniques comme l’huile ou l’acrylique, ce qui est recommandé pour pouvoir prendre le recul nécessaire sur votre tableau, vous opterez pour un manche long que vous tiendrez à l’extrémité. C’est un coup à prendre car ce n’est pas du tout naturel pour la plupart des personnes. 😉
Court
Vous pourrez opter pour un manche court, tout en restant debout, pour réaliser certains détails qui demandent plus de précision.
Si vous utilisez des techniques plus fluides comme l’encre ou l’aquarelle, vous peindrez alors plutôt à plat. Vous choisirez alors un manche court pour être plus à l’aise et précis.
La virole
La virole est la partie souvent métallique qui retient les poils au manche. C’est elle qui donne en partie la forme de la touffe de poils.
C’est au niveau de la virole, ou plus exactement au niveau du sertissage, que l’on peut évaluer la qualité d’un pinceau. Le sertissage correspond à la partie resserrée, à deux endroits généralement, au niveau du manche et qui forme comme deux anneaux. Sur un pinceau de bonne qualité, on voit que ces anneaux sont bien enfoncés dans le bois du manche, alors que sur un pinceau de moins bonne qualité (le jaune dans l’illustration ci-dessous), les anneaux ne sont marqués que dans le métal. La virole est simplement collée au manche et aura tendance à se décoller plus facilement au fur et à mesure de l’utilisation du pinceau. Les poils tomberont alors plus rapidement. Si cela vous est déjà arrivé, vous serez probablement d’accord avec moi pour dire que c’est vraiment pénible! :-/
Les poils
Les poils sont également appelés « touffe ». Au niveau de la touffe, on distingue, là encore, trois parties : la « racine » qui correspond à la base de la touffe, le « ventre » et la « fleur » qui est à l’extrémité, celle qui effleure la toile.
Les poils peuvent être naturels ou synthétiques, on parle alors de « fibres synthétiques ».
Selon le type de poils ou de fibres, que nous aborderons un peu plus loin dans cet article, la touffe retiendra plus ou moins l’eau et la couleur. Vous pouvez observer le ventre d’une touffe pour évaluer sa capacité à la retenir. Les pinceaux pour aquarelle ont des poils fins et une touffe avec un ventre gonflé pour une meilleure rétention capillaire, et une fleur effilée pour redistribuer ainsi la couleur de manière régulière sans avoir besoin de recharger souvent la peinture.
La fabrication
Avant d’aller plus loin, et de mieux appréhender les différents types de pinceaux et leur(s) utilisation(s), je vous propose de visionner ce court reportage sur la fabrication d’un pinceau. Cela permet notamment de mieux comprendre pourquoi les pinceaux de bonne qualité coûtent plus chers.
Dans cette seconde vidéo, on peut apercevoir notamment le montage de la touffe sur plume pour un pinceau aquarelle.
Les différentes formes de pinceaux
Le pinceau plat
La virole est aplatie pour lui donner sa forme plate. Il peut être à poils courts ou longs. Courts : la longueur des poils est approximativement égale à la largeur. Longs : la longueur est proche du double de la largeur. Ça fait très mathématiques ces explications! 😉
Utilisation des pinceaux plats : Il s’utilise pour faire des fonds et des aplats lorsqu’il est manié dans sa largeur, et permet également de faire des lignes précises en l’utilisant sur la tranche. Il est très pratique pour remplir les angles de 90°. Il m’arrive d’utiliser un pinceau plat à poils courts pour faire mes mélanges de couleurs sur ma palette lorsque je n’ai pas de couteau à palette ou à peindre sous la main.
Une variante du pinceau plat : le biseauté
Ce pinceau est plat avec l’extrémité oblique. Personnellement, je n’en ai pas (pour le moment) dans mon set de pinceaux.
Utilisation des pinceaux biseautés : Il est très pratique pour les petits angles et recoins. Il permet de faire des touches courbées. Et comme tous les pinceaux plats, il permet de faire des aplats et également des lignes fines et précises en l’utilisant sur la tranche avec deux « sorties » possibles (côté long ou côté court).
Autre variante : le spalter
C’est une sorte de large pinceau plat, toujours à poils longs ou courts.
Utilisation des pinceaux : Le spalter est utilisé pour les fonds et pour appliquer du gesso. Employé à sec , il est idéal pour fondre deux couleurs ensemble.
Le pinceau rond
Comme son nom l’indique, la touffe est ronde. 😉
Utilisation des pinceaux : Il s’utilise principalement pour les lignes et contours. Selon la pression exercée sur la touffe, vous obtiendrez une ligne plus ou moins épaisse. Il est idéal pour les esquisses, les détails, les retouches et finitions.
Le traceur
Lorsque les poils sont longs et souples, le pinceau rond prend alors le nom de « traceur » ou encore appelé « traînard » ou « liner« . La touffe permet une bonne rétention de l’eau, et il suffit alors de le laisser « traîner » sur la toile pour déposer la peinture en continue.
Utilisation des pinceaux : Il s’utilise pour les lignes très fines auxquelles on peut donner une courbe naturelle, presque calligraphique. Certains artistes l’utilisent d’ailleurs pour signer leurs tableaux. Personnellement, je préfère un petit rond pointu assez rigide, qui me donne l’impression d’avoir un stylo. A chacun sa signature !
L’usé-bombé
De forme oblongue, intermédiaire aux pinceaux plat et rond, il est fabriqué comme s’il avait déjà été usé. Vous pouvez presque tout faire avec.
Forme dérivée : la « langue de chat » ou « Filbert »
Ce type de pinceau, en forme d’une langue de chat, permet de travailler sur la pointe, la tranche ou le plat. Les poils sont un peu plus longs que sur le pinceau usé-bombé.
Utilisation du pinceau : Au-delà de pouvoir s’utiliser comme les pinceaux plat et rond, il est idéal pour faire des modelés et des glacis. Si vous ne deviez acheter qu’un pinceau, je vous conseillerais cette forme-ci qui offre le plus de possibilités.
Les éventails
Ce type de pinceau intrigue. Ses poils sont disposés comme un éventail. Il a peu d’épaisseur.
Utilisation des pinceaux éventails : Il est généralement utilisé pour faire les fondus. Mais attention aux poils trop souples qui, par capillarité, retiennent l’eau et se regroupent alors, pour former une sorte de râteau qui ne permet plus de fondre mais de tracer des lignes. Il peut également être utilisé pour réaliser des effets particuliers. Je le trouve assez pratique pour faire de l’herbe notamment.
Les autres formes
Il existe de nombreuses autres formes de pinceaux qui permettent, chacune une utilisation, de réaliser un rendu particulier. Ce sont des pinceaux pour l’art décoratif essentiellement que je n’aborderai pas ici.
Les différentes tailles de pinceaux
Les tailles sont généralement exprimées par des numéros inscrits sur le manche des pinceaux mais ces numéros ne sont pas standardisés et varient d’une marque à l’autre. Il faut donc préciser la marque pour identifier une taille donnée. Les tailles peuvent également être exprimées en centimètres ou en pouces.
Les différents types de poils
Les pinceaux sont fabriqués avec toutes sortes de poils ou fibres selon que l’on parle de poils naturels ou de fibres synthétiques. Selon le support, l’étape de réalisation du tableau et surtout le type de peinture, il vous faudra choisir. Par exemple, la peinture à l’huile nécessite des poils plus rigides et dotés d’un bon ressort. La peinture acrylique n’est pas aussi consistante mais est très caustique, vous pouvez donc utiliser des poils un peu plus fins mais résistants. La peinture à l’aquarelle nécessite, quant-à elle, des poils doux qui peuvent contenir beaucoup d’eau.
Comme nous l’avons vu un peu plus haut dans cet article, les poils peuvent être longs ou courts, peu importe la forme du pinceau. Lorsque les poils sont longs, il vaut mieux utiliser une peinture fluide.
Et pour terminer sur les généralités, plus le pinceau est souple, plus il déposera la peinture sur la toile sans la retirer avec les allers et venues. Les marques de pinceaux seront moins visibles.
Voyons maintenant ensemble les particularités des différents types de poils les plus communs.
Les poils naturels
En faisant les recherches pour écrire cet article, j’avoue que j’ai réalisé d’où provenait réellement les poils de quelques-uns de mes pinceaux. :-/ Et ça m’a fait réfléchir… Désormais, mes choix se porteront plutôt sur des fibres synthétiques!
Les soies de porc (ou de sanglier)
Les soies de porc sont les poils les moins fragiles. Ils sont raides et rêches. On dit qu’ils sont « nerveux« , avec une bonne « mémoire de forme« , un « bon ressort« . C’est-à-dire qu’ils retrouvent rapidement leur forme initiale, naturellement un peu courbée par ailleurs. Contrairement aux poils, les soies ont une extrémité fourchue. On parle de « fleur multiple » en opposition à « fleur unique ». Ce type de fleur permet de bien retenir la peinture.
Ils sont parfait pour la peinture à l’huile, plus pâteuse que l’acrylique. Ils conviennent également pour la première couche (à l’huile ou à l’acrylique) d’une toile car cette dernière est un peu abrasive. Il est inutile d’user vos autres pinceaux pour cette couche alors qu’un pinceau en soies de porc le fera très bien sans s’abîmer.
Il existe trois niveaux de qualité de soies de porc : Demi-Blanc, Beau-Blanc, Beau-Blanc Extra. Nous retiendrons : plus c’est blanc, plus c’est qualitatif! Il n’y a pas « plus blanc que blanc ». 😉 Ça, c’est pour la lessive!
Avec ce type de poils, chaque coup de pinceau pose et déplace la peinture. Ceci est encore plus vrai avec une peinture moins pâteuse. Vous aurez une touche plus dynamique, plus marquée.
N’utilisez pas ce type de poils pour les peintures diluées comme l’encre, l’aquarelle ou la gouache qui requièrent des poils plus fins et souples avec une bonne rétention capillaire.
Les poils de martre
Les poils de martre, ou plus largement de la famille des Mustelidae (martre, vison, belette, hermine), sont très appréciés. Vous verrez indiqués « Zibeline », « Kolinsky » ou encore « martre rouge » pour les désigner. Je ne vais pas rentrer dans les détails pour chacune de ces espèces. De manière générale, leurs poils, très doux, ont une couleur jaune-rougeâtre à brun. Ils présentent une excellente rétention capillaire mais sont fragiles. Les poils de ces espèces ont un bon ressort et une pointe très fine qui garde sa forme. Le poil en lui même est gonflé à sa base et très effilé à l’extrémité.
Les poils de martre s’utilisent à l’aquarelle et à la peinture à l’huile. Ils restent fragiles face aux propriétés caustiques de la peinture acrylique.
Les poils de blaireau
Le blaireau appartient également à la famille des Mustelidae. Ses poils sont parfaits pour les fondus. En effet, ils sont longs et épais à l’extrémité, lui donnant naturellement une forme touffue. Ils sont plutôt utilisés pour la peinture à l’huile, plus pâteuse.
La mangouste
Il existe plus de quarante espèces mais presque toutes sont menacées d’extinction!! Je vous invite fortement à privilégier les fibres synthétiques similaires. En termes de propriétés, les poils de mangouste sont relativement longs et rigides. Ils sont assez semblables à ceux des blaireaux. Ces derniers sont souvent utilisés comme charge bon marché pour ces pinceaux. Les pinceaux en poils de mangouste, ou dirons-nous en fibres synthétiques aux propriétés similaires, sont excellents pour la peinture à l’huile plus épaisse.
Le poil d’écureuil
Il ne s’agit pas d’une alternative aux poils de martre. Il est vrai que les pinceaux en poils d’écureuil sont moins chers que ceux en poils de martre mais ils n’ont presque pas de ressort! Les poils d’écureuil sont très fins avec une extrémité pointue. Ils sont doux et absorbants. Les poils en eux-mêmes ont tendance à se regrouper lorsqu’ils sont humides, rendant la touffe très fine. Ils sont utilisés principalement à l’aquarelle (on parle souvent de « Petit-gris » utilisé pour les pinceaux nommés « mouilleur »), pour le lettrage et pour l’application de peinture en finition pour un rendu très lisse.
Les poils d’oreille de bœuf
Les poils de bœufs ont un bon ressort comme celui de la martre mais leur extrémité n’est pas aussi fine. Ils sont donc plutôt utilisés pour les pinceaux plats. C’est un bon compromis entre le prix des poils de martre et des fibres synthétiques qui, quant-à ces dernières, manquent d’absorption.
Les poils de « chameau »
Il ne s’agit en aucun cas de poils de cet animal mais d’un terme commercial pour définir un ensemble de poils de diverses origines (poney, chèvre, mouton, écureuil, etc.), d’une qualité adaptée au prix. Ils sont utilisés pour le lettrage, la détrempe et l’aquarelle.
Les fibres synthétiques
Bien moins onéreuses que les poils naturels, les fibres synthétiques sont des dérivés de polyamides comme le nylon. Elles sont plus résistantes aux solvants de la peinture à l’huile et à l’acrylique.
Je pense qu’il existe des imitations pour tous les types de poils naturels (et même plus encore!). Cependant, les fibres synthétiques n’arrivent pas encore à égaler complètement les propriétés des poils. Mais si vous n’êtes pas encore un artiste professionnel, vous pourrez quand même vous faire plaisir et obtenir d’excellents résultats avec des imitations.
Des progrès incroyables!
De plus, les fabricants font des progrès incroyables. Par exemple, les filaments synthétiques, en eux-mêmes, ne retiennent pas l’eau comme pourraient le faire les écailles des poils naturels. C’est un véritable problème pour les aquarellistes car leur couleur s’accumule au niveau de la fleur et coule rapidement sur la surface du papier, sans contrôle possible. Pour remédier à ce problème, certains fabricants ont commencé à augmenter l’absorbance du nylon en gravant la surface du filament pour simuler les écailles des poils naturels, ou en enduisant les fibres.
Par ailleurs, certains fabricants ont associé les fibres synthétiques et les poils naturels. Ainsi, ils réussissent à concevoir des pinceaux aux propriétés désirées et économiquement plus abordables.
Pour tous les médiums
Les fibres synthétiques sont utilisées pour tous les médiums et sont à privilégier particulièrement pour la peinture acrylique, trop caustique pour garder les propriétés des poils naturels bien longtemps.
Pour choisir votre pinceau en fibres synthétiques, brosser les fibres avec votre pouce pour vous rendre compte de leur souplesse ou rigidité, ainsi que leur douceur. Dans tous les cas, référez-vous aux indications de votre magasin préféré pour savoir s’il est adapté à votre utilisation.
Pour résumer…
Les formes des pinceaux à privilégier en fonction de votre utilisation :
Utilisations | Formes des pinceaux à privilégier |
Fond / Gesso | Plat / Filbert / Spalter |
Aplats | Plat / Biseauté / Filbert |
Esquisse | Rond / Filbert |
Lignes | Plat / Biseauté / Filbert / Rond |
Angles et petits espaces | Plat / Biseauté / Rond |
Détails / Retouches | Rond |
Fondu / Dégradé | Spalter / Gros rond / Éventail |
Glacis | Filbert |
Signature | Rond / Traceur |
Vernis | Plat / Spalter |
Les poils à privilégier pour vos pinceaux en fonction de votre type de peinture (cliquez sur l’onglet qui vous intéresse ci-dessous):
Fibres synthétiques
Soies de porc
Poils de martre
Blaireau
Mangouste
Oreille de bœuf
Fibres synthétiques
Soies de porc (en première couche)
Poils de mangouste
Fibres synthétiques
Poils d’écureuil
Martre
Poils de « chameau »
Fibres synthétiques
Poils d’écureuil
Poils de « chameau »
Pour conclure cet article, ces éléments ne sont que des recommandations d’utilisations mais gardez à l’esprit qu’il faut essayer le pinceau pour se l’approprier. Dans tous les cas, dès que vous en trouvez un à votre goût, n’hésitez pas à le racheter en plusieurs exemplaires par la suite.
Personnellement, je suis capable de n’utiliser qu’un pinceau Filbert pour réaliser tout un tableau. C’est de loin mon préféré. De votre côté, quel pinceau préférez-vous ? N’hésitez pas à partager dans les commentaires vos utilisations particulières et le pinceau associé ! 😉
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3 commentaires
Marie-Laure
Très bon sujet
Je vais pouvoir me référer à cet article avant tout achat
Devant les rayons très fournis je me trouve souvent perdue et indécise
Merci pour les conseils
Lila
Bonjour
Merci pour tout ces conseil précieux j’étais un peu perdu je ne savais pas pas ou commencer
C.guitton
Super! Merci vivement
Catherine