méthodes pour foncer une couleur
Techniques

4,5 méthodes pour foncer une couleur

Jusqu’à ces quelques dernières années, je n’avais pas conscience qu’il existait plusieurs méthodes pour foncer une couleur. J’allais au plus simple. J’avais du noir sous la main, et hop je m’en servais pour foncer ma couleur. Un orange, un violet ou un vert, et hop je mettais un peu plus de sa composante foncée pour l’assombrir. Je n’avais absolument pas conscience que l’ajout de noir ternissait tout mon tableau ou que le fait de rajouter des couleurs plus foncées à ma couleur d’origine pouvait modifier l’harmonie globale de mon tableau.

 

Dans cet article, je vous propose de passer en revue chacune de ces méthodes et ainsi de mesurer les avantages et inconvénients de chacune d’elles.

Méthode N°1 : ajouter du noir, une méthode pas toujours judicieuse…

Le noir est la couleur la plus foncée. Il parait donc logique d’ajouter une pointe de noir à notre couleur pour la foncer. On parle de « rabattre la couleur« .

vert rabattu, mélange de vert et de noir
Le « vert rabattu » est un mélange de vert et de noir

Avec cette méthode, vous allez effectivement foncer votre couleur mais attention, vous allez également la salir. Elle va perdre de sa luminosité et si vous procédez de cette manière pour foncer toutes les couleurs de votre tableau, vous risquez d’obtenir une oeuvre terne. Ce n’est donc pas toujours la meilleure solution pour foncer votre couleur.

Voyons ensemble les autres méthodes. 😉

Méthode N°2 : ajouter une pointe de sa complémentaire, LA méthode académique

La deuxième méthode est la méthode académique, c’est-à-dire LA méthode à utiliser. Elle consiste à apporter à la couleur que vous voulez foncer une petite quantité de sa couleur complémentaire. On parle de « couleurs rompues » (par sa complémentaire).

Petit rappel des couleurs complémentaires :

  • Cyan (ou plus largement bleu) et orange
  • Jaune et violet
  • Magenta (ou plus largement rouge) et vert

Je reconnais que cette méthode ne saute pas aux yeux. Surtout si on considère qu’il faut apporter du jaune pour foncer un violet ou du orange pour foncer un bleu!!! Mais c’est un fait! Cette méthode permet bien de foncer une couleur. Voyez par vous même sur cette illustration :

couleurs rompues
Foncer une couleur en ajoutant sa complémentaire : couleurs rompues

Il n’est pas toujours évident de bien doser la pointe de complémentaire. Vous aurez probablement remarqué dans mon illustration ci-dessus que le bleu rompu est légèrement vert ou que le violet rompu est quasiment noir, tirant lui aussi vers le vert. En effet, l’ajout de jaune ou d’orange, dont une des composantes est le jaune, fait basculer très rapidement sur le vert. Pour équilibrer cela, j’aurais dû rajouter un peu de rouge, la complémentaire du vert.

En réalité, la difficulté est de trouver la complémentaire exacte de notre couleur à foncer. En effet, dans le cas de mon violet, celui-ci présente une forte composante de bleu par rapport au rouge. Pour rappel : bleu + rouge = violet. Pour foncer cette couleur en restant dans la gamme des violets, j’aurais dû ajouter un jaune plus chaud, tirant vers le orange. Le orange étant la complémentaire du bleu, elle permettra de le contre-balancer. Vous suivez?

Violet rompu
Obtention du violet rompu

De même, dans le cas du bleu à foncer, l’orange ajouté pour le rompre tirait trop sur le jaune. Il n’avait pas assez de sa composante rouge. Le bleu a donc tourné au vert. Pour rappel : bleu + jaune = vert. Cette méthode est donc une question de dosage. :-/

Bleu rompu
Obtention du bleu rompu

Bien dosée, elle vous permet de foncer une couleur en gardant sa luminosité et sans basculer d’un côté ou de l’autre du cercle chromatique, puisqu’on lui ajoute la couleur opposée sur le cercle.

Cercle chromatique
Cercle chromatique : couleurs primaires (cyan, magenta, jaune) et couleurs secondaires (violet, orange et vert)

Méthode N°3 : ajouter la composante foncée de cette couleur, une facilité secondaire

A l’exception des couleurs primaires : jaune, cyan et magenta, qui ne peuvent s’obtenir par mélange, une couleur est composée d’un mélange d’au moins deux primaires.

Une des méthode pour foncer (ou éclaircir) une couleur est donc de lui ajouter progressivement sa composante foncée (ou claire). Vous comprenez donc que cette méthode ne s’applique pas aux couleurs primaires qui ne peuvent s’obtenir par mélange. 🙁

Prenons l’exemple d’un vert (voir illustration ci-dessous). Pour le foncer avec cette méthode, j’y ajouterai un peu plus de sa composante foncée : le bleu (alors que pour l’éclaircir je rajouterai du jaune).

foncer une couleur en ajoutant sa composante foncée
Foncer une couleur en ajoutant sa composante foncée

Méthode N°4 : ajouter une couleur plus foncée de la gamme de cette couleur, une méthode limitée

On ne pense pas souvent à cette méthode qui pourtant à l’avantage de garder une belle luminosité aux couleurs. Elle consiste simplement à ajouter une couleur plus foncée de la gamme de notre couleur d’origine.

Si vous utilisez une palette réduite, c’est-à-dire avec seulement 3 couleurs primaires, ou même étendue à seulement une autre nuance de chaque primaire, cette méthode n’est pas pour vous.

Si vous avez plusieurs tubes avec des nuances différentes : de bleu, de rouge, de jaune et même de violet, de orange et de vert, vous pourrez jouer sur la gamme de couleur pour foncer (ou même éclaircir) votre couleur. Cependant, attention à l’harmonie colorée de votre tableau!

Prenons, l’exemple du jaune primaire. Celui-ci peut être foncé en y ajoutant du jaune de cadnium foncé. Le résultat sera assez proche d’un jaune de cadnium moyen (voir l’illustration ci-dessous). Je reconnais que la variation de couleur est subtile mais au moins le jaune obtenu garde une très belle luminosité, ce qui n’est pas toujours le cas avec les autres méthodes pour cette couleur.

Foncer une couleur en ajoutant une couleur plus foncée de sa gamme
Foncer une couleur en ajoutant une couleur plus foncée de sa gamme

Méthode N°4,5 : ma méthode, des couleurs tempérées

Cette méthode est une déclinaison des méthodes académique (méthode N°2) et de la composante foncée (N°3), d’où l’attribution du 0,5.

Je l’utilise pour foncer mes couleurs depuis quelques années maintenant. Avant je jonglais entre les 4 autres méthodes sans vraiment m’en rendre compte, sans logique particulière, sans même savoir qu’il en existait 4 différentes d’ailleurs.

En vérité, j’utilise cette méthode plus globalement pour retrouver une couleur facilement. Pour en savoir plus sur ce sujet, je vous invite à télécharger gratuitement mon guide « Bien débuter en peinture ».

Pour foncer une couleur, j’ajoute une pointe de bleu (cyan ou autre) ou de brun en fonction de la « température » que je veux lui donner. Si je veux foncer une couleur en la refroidissant, j’ajoute une pointe de cyan alors que si je veux la foncer en la réchauffant, j’opterais pour le brun.

La peinture c’est un peu de la cuisine, si c’est trop chaud tu refroidis et si c’est trop froid tu réchauffe. 😉 Tu rajoutes un peu de ceci ou un peu de cela et ça change le goût… ou la couleur! 😉

J’obtiens le brun en mélangeant les 3 couleurs primaires avec une plus forte proportion de rouge. Pour les dosages, comme dirait ma grand-mère : « Tu vois! » ;-). Disons, 4 doses de magenta, 2 doses de jaune et 0,5 de cyan. Mais cela reste un ordre d’idée car cela dépend du pouvoir colorant de chaque couleur et donc de sa qualité. Pour en savoir plus sur le pouvoir colorant, cliquez ici. Le brun n’est, ni plus ni moins, qu’une sorte d’orange foncé (obtenu avec la méthode académique ;-)).

foncer une couleur avec du brun ou du bleu
Foncer une couleur avec du brun ou du bleu
Oui, je reconnais que la couleur d’origine est une espèce de caca d’oie très moche! 😀 Mais on a souvent besoin de ce type de couleurs dans un tableau finalement. 🙂

Si je vois que ma couleur bascule d’un côté du cercle chromatique, j’ajoute l’autre couleur. En effet, le bleu et le brun se complémentent bien puisque le brun est un orange foncé. Par exemple, dans l’illustration ci-dessus, si je trouve que la couleur obtenue par l’ajout de bleu, tend vers le vert-bleu, j’ajoute une pointe de brun.

Avantages et inconvénients de chaque méthode

Méthode N°1 : ajouter du noir

Avantages : rabat les couleurs trop vives (ex : vert « pétard »)

Les personnes qui ont lu cet article ont également lu :  Comment réaliser un e-tegami ?

Inconvénients : perd la luminosité de la couleur

Méthode N°2 : ajouter une pointe de sa complémentaire

Avantages : ne fait pas basculer la couleur d’un côté ou de l’autre du cercle chromatique (si bien dosé)

Inconvénients : identification de la complémentaire exacte et dosage difficiles

Méthode N°3 : ajouter la composante foncée

Avantages : garde la luminosité de la couleur d’origine

Inconvénients : tire la couleur vers un côté du cercle chromatique, incompatible aux couleurs primaires

Méthode N°4 : ajouter une couleur plus foncée de la gamme

Avantages : garde la luminosité de la couleur d’origine

Inconvénients : posséder plusieurs couleurs dans la même gamme

Méthode N°4,5 : ajouter du brun ou du bleu

Avantages : tient compte de la température de la couleur (à réchauffer ou à refroidir)

Inconvénients : jongler avec les 2 teintes


Comme vous le voyez il n’y a pas de méthodes parfaites. Selon la situation, vous choisirez plutôt l’une que l’autre. Mais aviez-vous conscience que l’on pouvait foncer une couleur de plusieurs manières?


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12 commentaires

  • Marie-laure

    J’ai été confrontée à ce problème hier pour foncer un rouge et je ne suis jamais parvenue au résultat que je souhaitais. Je découvre effectivement que je bricole avec toutes ces méthodes sans toujours savoir où je vais ce qui me fait perdre du temps et de la peinture . Tu VOIS…..
    Je vais donc m’appliquer à réfléchir avant mes mélanges pour acquérir un automatisme au fil du temps.
    Merci pour ces infos que je vais de suite tester.

      • Simoes

        Merci beaucoup, très enrichissant en effet !
        Je comprends mieux le raté de mon tableau hier !
        Je n’utiliserai plus de noir, et surtout dans les mélanges de couleurs, en effet cela assombrit mon tableau alors que j’avais des belles couleurs éclatantes initialement, de plus le mélange de certaines couleurs n’ont pas eu un joli rendu.
        Bien à vous.
        Christina.

  • Bernadette

    Merci Florence, je ne connaissais aucune de ces possibilités, même en cherchant sur le Web. Je suis justement entrain de peindre un sous-bois donc avec des ombres et lumières
    Je vais pouvoir faire un joli rendu sans affadir mes ombres avec du noir. Merci

    • Florence

      Merci pour votre commentaire Bernadette. Je suis ravie que cet article vous ait apporté de nouvelles connaissances. 😉

  • Cacou

    Merci beaucoup je vais essayer de m’appliquer quand je fait des couleurs
    Trés intéressant vos explications
    Ps; Doit on faire obligatoirement un tableau des couleurs ?

    • Florence

      Bonjour Cacou, 😉
      Merci pour votre retour. Rien n’est obligatoire. Je peux simplement vous dire que pour moi cela m’a aidé. Mais j’avoue que c’est un peu fastidieux. Si vous voulez faire un nuancier il faut le prendre comme un jeu et prendre le temps de le comprendre. Sinon ça ne vous servira pas à grand chose.
      Amusez-vous bien avec vos couleurs !

  • GG

    Très intéressant comme approche, enfin quelques méthodes académiques pour ne pas abandonner et prendre plaisir à peindre. Ça le mérite d’être très claires. Personnellement, je tâtonnais pas mal, avant d’y arriver. Merci Florence
    GG

    • Florence

      Merci beaucoup GG ! Le plaisir avant tout ! Contente que cet article ait pu vous aider.

  • Manon

    Merci beaucoup Florence, je ne savais pas qu’il y avait autant de façon de foncer une couleur, je vais tester ces méthodes dès aujourd’hui!

  • Stephanie

    Bonjour
    J’essaie de créer un vieux rose.
    Ma couleur de départ est beaucoup trop orangée, si je comprends bien je dois y ajouter du bleu ?
    Merci ????
    Bien cordialement

    • Florence

      Bonjour, merci pour votre question. Difficile d’y répondre en ne voyant pas la couleur à obtenir ni celle que vous avez obtenu.
      Mais je vais essayer de vous guider. Le rose s’obtient en mélangeant une pointe de rouge dans du blanc…avec toutes les variations de rouge possibles (magenta, carmin, vermillon, cadmium…) et donc d’ajout de jaune et de bleu (les deux autres couleurs « primaires » du peintre) pour faire varier ce rose de base. Je mets des guillemets à primaire car je ne vais pas rentrer dans la théorie de la couleur et la définition des vraies primaires.

      Si votre couleur parait trop orangée, c’est qu’il y a trop de jaune proportionnellement au rouge. Il va falloir compenser avec des ajouts (petit à petit) de rouge pour revenir vers le rouge du cercle chromatique et de bleu pour l’orienter vers un vieux rose (souvent plus violacé).

      J’espère que ces pistes pourront vous aider.
      A bientôt.

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