Aujourd’hui nous allons voir ensemble quelles sont les étapes pour bien commencer un tableau. Enfin… une oeuvre…car par « tableau », j’entends une création artistique qu’elle soit à l’aquarelle, à l’encre, à l’acrylique, à l’huile, à la gouache, etc. Il est évident que ces étapes sont plus ou moins applicables selon le médium que vous aurez choisi.
Etape 1 : choisir son sujet
La première chose à faire est de décider de ce que vous allez représenter.
Comme dans la vie de tous les jours, il y a ceux qui prennent des décisions rapidement…et les autres. 😀 Ne vous faîtes pas des noeuds au cerveau pour le choix de votre sujet. Dans tous les cas, vous pourrez tous les faire par la suite, les refaire, les modifier, etc.
Pour commencer un tableau, posez-vous la question du modèle. Est-ce qu’il est uniquement dans votre tête? S’agit-il d’une vue en extérieur, d’une nature morte ou d’un être vivant? Est-ce que vous allez vous inspirer de photos ou de peintures existantes?
Allez-y…réfléchissez et choisissez votre prochain sujet. De quoi avez-vous envie?
Si vous êtes en panne d’inspiration, vous pouvez lire mon article « 10 sources d’inspiration pour peindre un tableau« .
C’est bon? Vous avez choisi?
Etape 2 : définir son mode de représentation
Une fois que vous avez le sujet, vous devez choisir la manière dont vous allez le représenter.
Vous allez élaborer la meilleure composition, choisir le ou les médium(s) que vous allez utiliser, le support sur lequel vous allez peindre et enfin le style artistique que vous allez employer. Ces 4 paramètres sont liés les uns aux autres : par exemple, vous devrez tenir compte de votre composition pour choisir le format de votre toile.
1 – La composition
La composition c’est l’agencement, l’échelle et le poids des éléments les uns par rapport aux autres dans une représentation visuelle. C’est probablement le paramètre le plus important. Avec une composition bien équilibrée et dynamique, la représentation ne sera jamais vraiment ratée. Par contre, vous aurez beau peindre magnifiquement bien, si votre composition est fade, votre tableau ne retiendra pas l’attention.
Bon alors comment fait-on une belle composition me direz-vous?
Vaste sujet! 😉 Voici quelques techniques pour vous aider :
Règles des tiers et du nombre d’or
Il existe des règles qui fonctionnent bien : la règle des tiers et la règle du nombre d’or. Elles sont très utilisées notamment en photographie. Pour résumer ces 2 règles, il vous faut diviser votre visuel en 9 parties grâce à 2 lignes horizontales et 2 lignes verticales.
Les éléments que vous voulez mettre en valeur sont positionnés sur ces lignes, que l’on appelle « ligne de force », et l’intersection de ces lignes : les « points de force » du visuel. Avec la règle des tiers, les 9 parties sont égales alors qu’avec la règle du nombre d’or, les lignes de force sont tracées en suivant le principe de la suite de Fibonacci (dont je vous passe les explications dans cet article car je n’ai pas très envie de faire des maths aujourd’hui) ce qui crée un petit décalage : la partie centrale est plus resserrée au centre.
Concrètement, vous pourrez placer les personnages sur ces lignes, un regard, un arbre, etc. Ci-dessous, quelques illustrations de ces règles de composition en photographie :
Une aide au cadrage
Ce que beaucoup d’artistes utilisent c’est un cadre en carton de taille modulable. Il permet de visualiser ce que vous pourriez inclure ou exclure de votre composition et de vous aider à décider du format : portrait (cadrage vertical) ou paysage (cadrage horizontal).
Bon, personnellement sur le même principe, je fais des photos en utilisant plus ou moins le zoom.
Dans tous les cas, vous pouvez inclure ou exclure ce que vous voulez, même si ce n’est pas sur votre modèle de départ. C’est LA grande différence avec la photo au niveau de la composition (enfin si vous ne faîtes pas de retouche d’images).
Des croquis, avant de commencer votre tableau
Pour faire des essais de composition, rien ne vaut plusieurs croquis. Faîtes varier l’échelle, l’agencement des éléments, leur taille les uns par rapport aux autres jusqu’à ce que cela vous plaise.
Maintenant, reprenez votre sujet et faîtes quelques essais. 😉
Absence de composition?
Vous pourriez également ne pas avoir besoin de composition. Cela peut notamment être le cas avec l’abstrait. Et encore…
Parfois, la technique employée pour un style artistique c’est justement de laisser faire les choses. Par exemple, un style dont on ne maîtrise pas totalement le rendu justement et que j’ai très envie d’essayer c’est l’acrylique pouring. L’acrylique pouring consiste à laisser couler de la peinture acrylique très fluide sur une surface, que vous pourrez ensuite chauffer légèrement pour faire apparaître des bulles appelées « cellules ». Vous aurez à choisir les couleurs et la façon dont vous laisserez couler la peinture ce qui reste pour moi de l’ordre de la composition. 😉
2 – Les médiums
Le médium est tout simplement le type de peinture que vous allez utiliser.
C’est probablement qu’une histoire de goût. A vous donc de choisir entre la peinture acrylique (que je recommande pour débuter en raison de sa rapidité de séchage), l’huile ou l’aquarelle, pour les plus connues. Pour vous aider à choisir, cliquez ici.
C’est bon? Vous avez fait le choix de votre médium?
3 – Le style artistique
Il s’agit de la manière dont vous allez peindre. Quel style allez-vous suivre? Figuratif? Impressionniste? Expressionniste? Cubiste? Réaliste? …
Voici une excellente ressource pour vous aider à identifier votre style artistique.
Là encore, c’est une question de goût mais le style artistique est aussi très lié au médium et au sujet choisis. Impossible de peindre de manière hyperréaliste à l’aquarelle par exemple. Enfin…j’en doute.
4 – Le support
Concernant le support, vous devez vous intéresser au type de surface et au format.
Le type de surface
La plupart des médiums vous limitera dans le choix de la surface. Par exemple, pour l’aquarelle, vous aurez besoin d’un papier spécifique dont les propriétés absorbantes vous permettent ces effets de diffusion tant appréciés. Avec l’acrylique, vous pouvez par contre utiliser une multitude de supports : la toile évidemment mais également le bois, le métal, la pierre, etc.
Dans le commerce, il y a énormément de choix. Vous trouverez toutes sortes de papiers : des papiers pour peinture aquarelle, huile ou acrylique avec des couleurs, grammages (= épaisseur), textures et tailles très variés. Ils sont généralement vendus en blocs mais vous pouvez les acheter à l’unité ou en rouleau dans certains magasins. Vous trouverez également des supports cartonnés sur lesquels le papier est collé. Personnellement, je les trouve très pratiques pour faire des exercices. Et pour finir, il y a les toiles en rouleau ou sur châssis, en coton ou en lin.
Le format
Pour déterminer votre format, vous devez tenir compte de votre composition. Est-elle plutôt à l’horizontale ou à la verticale? En fonction, vous orienterez votre support dans le sens de la longueur ou de la hauteur. Là évidemment, je pars sur des formats classiques. Mais libre à vous, en fonction de ce que vous avez choisi de représenter et si votre médium vous le permet, d’être imaginatif! Vous pouvez peindre sur un galet ou une coupe de bois par exemple.
La taille de votre support dépend de votre sujet, de l’échelle, du niveau de détails que vous souhaitez représenter, de votre niveau en peinture, et bien sûr de ce que vous avez envie. Les grands formats sont très agréables à peindre mais attention, si vous débutez, il est peut-être préférable de commencer votre/vos premier(s) tableau(x) sur des formats de dimensions plus réduites.
Des standards
Les dimensions sont standardisées mais les standards sont différents selon les pays. Dommage, ça partait bien cette histoire. 🙁
Bon je vais vous parler de ce que je rencontre dans le commerce en France (ce que je connais) mais n’hésitez pas à partager dans les commentaires des informations sur les standards canadiens ou belges par exemple. 😉
En France donc, le format « Paysage » est symbolisé par la lettre P, le format portrait est appelé « Figure » et symbolisé par la lettre F (sinon nous aurions 2 formats commençant par P :D), et il existe un format plus long, le format « Marine », symbolisé par la lettre M. Il existe également des formats ronds appelés « Tondo ». Les dimensions sont toujours données en commençant par le côté le plus grand. Pour les formats Tondo c’est le rayon qui est indiqué. Le numéro devant la lettre est appelé « Point » et défini donc le standard français. Bien entendu, vous pouvez utiliser un format P (Paysage) ou M (Marine) également dans le sens de la hauteur, de même que vous pouvez orienter un format F (Figure) dans le sens de la longueur.
Etape 3 : préparer son support
Selon le support et le médium que vous aurez choisis, vous aurez plus ou moins de manipulations à faire avant d’appliquer votre première couche de peinture.
1 – Appliquer un apprêt avant de commencer votre tableau
Qu’est-ce qu’un apprêt?
C’est une couche de matière neutre que l’on va appliquer sur la surface à peindre pour la rendre moins absorbante et l’empêcher d’altérer l’aspect et la consistance de la peinture.
- Si vous optez pour du papier, vous n’avez rien à faire de particulier. Une simple esquisse au crayon, fusain ou directement au pinceau et c’est parti! 😉
- Si vous utilisez une toile, vérifiez bien qu’elle soit recouverte d’un apprêt. Ainsi, vous éviterez que la peinture traverse la toile. De plus, avec la peinture à l’huile, le risque est qu’elle fasse pourrir les fibres végétales. Habituellement, les toiles sont vendues prêtes à l’emploi dans le commerce mais il est possible que vous ayez besoin d’appliquer un apprêt si vous achetez votre toile au rouleau ou si vous utilisez une toile brute. (Je crois qu’il va falloir que je fasse un article sur les apprêts. 😀 )
- Si vous souhaitez peindre sur du bois, vous aurez besoin là aussi d’appliquer une couche d’apprêt afin de boucher les pores du bois. Le plus simple est d’appliquer une couche de gesso dans un sens puis, une fois sèche, dans l’autre sens, et enfin de poncer avec du papier de verre très très fin.
- Si vous choisissez de peindre sur du métal ou du verre, normalement vous n’avez rien à appliquer.
- Pour tous les autres types de support, le mieux reste de se renseigner avant de commencer à peindre votre tableau.
2 – L’esquisse
Une fois que votre support est prêt, vous pouvez réaliser une esquisse de votre composition au préalable. Personnellement, je préfère dessiner au crayon ou au fusain ce que je vais représenter par la suite en peinture. N’oubliez pas, si vous faîtes également ce choix, fixez vos traits avec un fixatif (ou une laque pour cheveux) afin que ceux-ci ne s’effacent pas / ne salissent pas votre première couche de peinture. A défaut d’un dessin préalable au crayon, et si vous peignez à l’acrylique ou à l’huile, vous pouvez esquisser les éléments principaux avec votre pinceau et une couleur neutre proche de la tonalité de votre tableau.
Etape 4 : appliquer (éventuellement) une première couche
Et hop! C’est parti! Vous pouvez prendre vos pinceaux en main! Youhou! Enfin! 😀 😀
1 – Aquarelle et encre
A l’aquarelle ou à l’encre, rien de plus, vous pouvez commencer à peindre votre tableau. 😉
2 – Acrylique et huile
A l’acrylique ou à l’huile, personnellement, je préfère appliquer une première couche de peinture sur l’ensemble de la toile afin de ne pas laisser entrevoir la toile, ou votre support de manière générale, à certains endroits. Mais ceci est mon avis et vous pourriez au contraire souhaiter cet effet.
Une couche unie
Il y a quelques années, je recouvrais ma toile entièrement à l’acrylique avec une couleur neutre dans les tons beiges avec une pointe de jaune pour apporter un peu de luminosité. Une fois cette première couche sèche, je faisais mon esquisse et je la fixais. Après cela, je commençais à peindre.
Le block in
Depuis 2012, j’applique ce que les anglophones appellent le « block in« . Cette méthode consiste à délimiter les éléments principaux avec une première couche de peinture d’une tonalité proche de la couleur finale de l’élément. Par conséquent, je fais donc l’esquisse au crayon avant, désormais. Cette méthode permet d’avoir une sous-couche proche du rendu final pour chaque élément et ainsi, si mes couches suivantes ne sont pas parfaites, cela n’est vraiment pas gênant de voir la première. Bon tout ça est une affaire de goût et d’effets que l’on souhaite ou ne souhaite pas donner. 😉
Dans tous les cas, je fais toujours ma sous-couche à l’acrylique, même lorsque je peins par la suite à l’huile. En effet, l’acrylique étant moins « grasse » que l’huile, elle sèche plus vite et je suis certaine de respecter la règle fondamentale du gras sur maigre! Je vous invite d’ailleurs à lire mon article « Comment éviter que la peinture de nos tableaux se craquelle au séchage » qui aborde cette règle.
3 – Gouache
Pour ce qui est de la gouache, vous pouvez éventuellement appliquer une première couche de peinture. Tout dépend de la manière dont vous souhaitez l’utiliser : très diluée un peu comme l’aquarelle et dans ce cas, ne passez pas de première couche, ou épaisse et bien couvrante comme l’acrylique et l’huile et dans ce cas, vous pouvez appliquer la méthode du « block in ». A vous de voir.
Vous êtes arrivés au bout de cet article! Bravo! Et merci d’avoir pris le temps de me lire. J’espère en tout cas que vous avez pu avancer en même temps sur votre prochain tableau! 😉
Vous avez peut-être une façon différente de procéder. Dans ce cas, n’hésitez pas à la partager dans les commentaires! 😉 Vos remarques et suggestions sont également les bienvenues!
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13 commentaires
Marie-Laure
Ton nouvel article est riche en infos c’est top. Sur mon dernier tableau la peinture acrylique en séchant est devenue plus transparente et a changé de couleur. Est ce normal ? Est-ce que je dilue trop ?
Ma toile devrait déjà avoir un apprêt, faut-il en rajouter?
Je vais essayer comme tu le suggères de dessiner laquer et faire une première couche dans les teintes plus claires proche du sujet.
J’apprends plus en recopiant une toile qu’une photo. Cela permet d’analyser la couleur, les coups de pinceaux , comment donner la profondeur, le relief, la texture aux sujets. Bref c’est passionnant…..
ML
Florence
Contente que mon article t’ait plu! 😀
Effectivement, plus tu dilues la peinture acrylique avec de l’eau, plus elle devient transparente et les teintes s’éclaircissent.
Par contre, point important à prendre en compte à l’acrylique : les couleurs s’assombrissent en séchant.
Il vaut donc mieux peindre du plus clair au plus foncé (ce que tu as l’air de faire 😉 ). Si la teinte une fois sèche ne te plait pas, il est plus facile de la foncer que de l’éclaircir. 😉 En effet, il faut beaucoup plus de peinture claire pour masquer une teinte foncée. Dans ce cas là, fais bien attention à prendre une couleur couvrante et non trop translucide. Sur tes tubes de peinture, il y a un petit carré : plein, la couleur est couvrante ; vide, la couleur est translucide ; et plein sur la diagonale inférieure, la couleur est semi-translucide. Ce petit carré informatif n’est pas toujours bien mis en avant sur les tubes. Il faut parfois le chercher.
Sinon, on pourrait penser que le blanc est un bon éclaircissant, mais il a tendance à ternir les couleurs. J’utilise donc préférentiellement l’eau pour éclaircir. Pour opacifier de nouveau tes couleurs, il suffit de rajouter de la peinture, mais attention, dans ce cas elle masquera bien plus la couche en dessous, surtout si tu utilises une couleur couvrante (carré plein). Tout dépend de l’effet voulu.
Concernant l’apprêt, il n’est pas utile d’en passer une couche si ta toile est déjà prête à l’emploi. De plus, comme tu sembles peindre à l’acrylique et si tu passes une première couche type « block in », ça rajoutera une « protection ».
Je suis tout à fait d’accord avec toi, il est plus facile de s’appuyer sur une oeuvre peinte qu’une photo pour commencer.
Continue de peindre! Je suis ravie que ça te passionne autant que moi! 😉
Sylvia
Bonjour
Merci pour tous ces conseils
A propos de la peinture à l huile losque l on reprend un tableau à l huile d une semaine à l autre comme j ai pû le faire dans des cours il y a lontemps le prof nous conseillait de repasser dessus avant de reprendre à peindre le tableau un medium mais je ne me rapelle plus de quoi il s agissait est ce que c est de du vernis à retoucher ou autte diluant
Florence
Bonjour Sylvia,
Merci pour votre message.
Effectivement vous pouvez passer du vernis à retoucher entre vos différentes séances de peinture à l’huile mais ce n’est pas une obligation. Si vous restez longtemps sans peindre, cela permettra au tableau d’être protégé jusqu’à la prochaine séance. Cela peut permettre également lorsque la peinture à l’huile devient trop lisse, que le pinceau glisse et que les couches suivantes n’adhèrent pas bien de permettre de nouveau à la couche suivante d’adhérer.
En espérant que ces informations vous aideront.
Bonnes séances!
Mr RAM
merci beaucoup votre publication m’a vraiment aidé
Jessica
Waouh!! Quel article! 💕
Merci beaucoup pour tous ces détails, une vraie bible!!
Florence
Merci Jessica 🙂
J’espère que ces éléments t’aideront à commencer!
houria
article riche en renseignement nécessaire et astuces ; merci florence de tout ces éclaircissement ,j ai un projet en tête pour un tableau et c est la première fois , j aimerai le réussir et c est grâce a tes connaissances
merci
Florence
Merci Houria! N’hésitez pas à partager votre projet de tableau!
Patricia BELLOT
Vraiment ravie de vous lire, quelle richesse au niveau des informations reçues. Merci.
Florence
Merci beaucoup Patricia !
marylor
document bien reçu.
J ai survolé les gros titres.
je pense que vos conseils me seront d une grande utilité.
merci.
Bmoumen2
Merci beaucoup pour votre article
Très complet, et surtout des réponses à des questions, telles comment se fait-il que lorsque je dessine cela ne marche pas, alors les autres œuvres sont magnifiques.
Maintenant je comprends, techniquement, pourquoi.
Bonne continuation…!